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Il s’appel Locki.
Huit ans de loyauté, et une vie entière à servir. Mais pour son détenteur, il n’était qu’un outil. Utilisé quand il fallait surveiller un site, puis rangé dans un placard, littéralement, quand il ne "travaillait" pas.
Locki vient d’être saisi par l’association Action Protection Animale (APA), après un signalement pour maltraitance. Un cas parmi d’autres, tristement banal dans une profession où certains chiens de sécurité sont traités comme du matériel jetable.

Un "placard sur mesure" pour l’enfermer
Selon le communiqué officiel d’APA, Locki était confiné dans un espace clos, sans lumière, construit spécialement pour l’y enfermer lorsqu’il n’était pas en service.
Le "détenteur" - présenté comme un pseudo agent de sécurité non déclaré – n’intervenait que lorsqu’il avait besoin du chien pour des missions ponctuelles.
Entre deux contrats, Locki était laissé dans ce placard, seul, sans activité ni contact humain.
Le lieu exact n’a pas été révélé, mais les faits sont récents : fin octobre 2025, l’association est intervenue pour le récupérer et déposer plainte.
L’équipe de l’association a retrouvé un chien âgé, amaigri, fatigué, mais d’une douceur déconcertante. Malgré les mauvais traitements, Locki s’est montré calme et attentif aux bénévoles, cherchant le contact humain.
APA : "Il n’a rien fait pour mériter ça"
Dans sa publication du 30 octobre 2025, Action Protection Animale décrit une situation à la fois courante et désespérante :
"Encore un chien de sécurité objetisé par un pseudo-agent non déclaré. Utilisé quand il sert, oublié le reste du temps. Il n’a rien fait pour mériter la vie horrible qu’il a subie."
L’association héberge actuellement une vingtaine de chiens de sécurité saisis, souvent dans des états comparables à celui de Locki.
Certains ont été attachés des journées entières, d’autres laissés sans soins ou enfermés dans des voitures, des cages ou des abris insalubres.
Chaque chien représente environ 400 euros de frais mensuels, entre soins, nourriture et hébergement.

À 8 ans, Locki n’a presque aucune chance d’adoption. Peu de familles acceptent un malinois âgé, marqué par un passé professionnel et des traumatismes.
Pourtant, le chien a "gardé son regard d’attente", comme le décrit un bénévole : un regard qui cherche encore un humain à aimer.
Le CNAPS en alerte : tolérance zéro pour la maltraitance cynophile
Le CNAPS, autorité de contrôle du secteur de la sécurité privée, a pris la parole le 16 octobre 2025 sur le même sujet :
plusieurs agents cynophiles ont été sanctionnés ou radiés pour maltraitance envers leurs chiens.
Trois cas récents illustrent cette politique de tolérance zéro :
- Hauts-de-Seine (92) : une chienne nommée Luna restait des journées entières sur un balcon en plein soleil. Signalement de la Brigade de Protection Animale.
➤ Résultat : retrait immédiat de la carte professionnelle. - Paris (20e) : Trixie, 8 ans, découverte dans une niche vétuste, en état de maigreur extrême, avec des morceaux de bois dans les selles.
➤ CNAPS saisi, retrait de la carte pro et placement du chien dans une structure spécialisée. - Seine-Saint-Denis (93) : un agent condamné par le tribunal de Bobigny pour mauvais traitements sur animal domestique.
➤ Interdiction judiciaire de détenir un animal + retrait anticipé de la carte professionnelle.
Le CNAPS précise :
"Le respect du bien-être animal est une condition indispensable à l’exercice de la sécurité cynophile. Tout manquement grave constitue un motif d’incompatibilité avec cette profession."
Une position ferme, saluée par la majorité des maîtres-chiens, qui dénoncent eux-mêmes ces comportements déviants.
Ce que dit la loi : le Code de déontologie ne laisse aucun doute
L’article R.631-32 du Code de la sécurité intérieure impose une règle claire et impérative :
"(...) L'agent cynophile s'interdit tout mauvais traitement de son animal et veille à ce que celui-ci se trouve, en toutes circonstances, dans un état de soin et de propreté correct."
Tout manquement à cet article constitue une faute déontologique grave, pouvant mener à une procédure disciplinaire et au retrait de la carte professionnelle.
Cette obligation s’applique à tout agent cynophile titulaire d’une carte professionnelle, mais aussi à toute entreprise employant un chien de sécurité.
Dans le cas de Locki, le "pseudo-agent" ne disposait à priori d’aucune carte. Ce n’est donc pas seulement de la maltraitance, mais aussi de l’exercice illégal d’une activité réglementée.
Au-delà du cas Locki : une question d’éthique professionnelle
Le respect du chien n’est pas une question de sensibilité, mais de crédibilité professionnelle.
Un agent qui maltraite son chien trahit le principe même du binôme cynophile : un partenariat basé sur la confiance, la loyauté et la coopération.
Être maître-chien, c’est protéger ensemble. Pas asservir.
Les maîtres-chiens qui exercent avec rigueur le savent : le bien-être animal est aussi un facteur de performance opérationnelle.
Un chien équilibré, correctement entretenu et éduqué, travaille mieux, détecte mieux, réagit mieux.
C’est une évidence que certains ont oublié, mais que Locki nous rappelle, à sa manière silencieuse.
À retenir
✅ Locki, malinois de 8 ans, a été retrouvé enfermé dans un placard par un agent non déclaré.
✅ L’association Action Protection Animale a déposé plainte et pris en charge le chien.
✅ Le CNAPS a récemment retiré plusieurs cartes professionnelles pour des faits de maltraitance animale.
✅ L’article R.631-32 du CSI impose le respect du bien-être du chien de sécurité.
