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Moins de sirènes, plus de sécurité : Une approche inspirée d'une étude américaine
Une équipe de chercheurs, dirigée par le Dr Jeffrey L. Jarvis de Williamson County EMS (Texas), a récemment publié une étude dans le Journal of the American College of Emergency Physicians sur les effets de la réduction de l’utilisation des sirènes et gyrophare (L&S) par les services d’urgence médicale (EMS).
Cette étude, intitulée The impact of using time critical intervention-based dispatch thresholds on lowering lights and siren use to EMS 911 incidents, analyse l’impact d’un modèle basé sur les seuils d’interventions critiques pour déterminer l’usage des L&S.
Un constat : des interventions risquées pour peu de bénéfices
Aux États-Unis, les EMS utilisent les L&S pour près de 86 % des interventions. Pourtant, les interventions nécessitant réellement des soins vitaux ne représentent que 7 % des cas. L’utilisation excessive des L&S augmente de 50 % les risques d’accidents graves. En réponse, l’équipe du Dr Jarvis a mis en place un système de classification des appels d’urgence pour n’utiliser les L&S que dans les situations où une intervention vitale est probable.

Résultats clés de l'étude
L’évaluation avant-après, menée sur plus de 28 000 interventions entre 2022 et 2023, révèle plusieurs bénéfices majeurs :
- Réduction de l’utilisation des L&S
Le taux est passé de 56,2 % avant la mise en place du modèle à 27,6 % après sa mise en œuvre, soit une baisse de 28,6 %. - Amélioration de la précision des diagnostics
La précision des classifications d’urgence a augmenté de 48,8 % à 75,1 %. - Impact minimal sur les délais
Le temps médian de réponse a légèrement augmenté de 8,3 à 8,4 minutes, soit seulement 6 secondes de plus.
Ces résultats montrent que l’utilisation raisonnée des L&S permet de limiter les risques d’accidents sans compromettre les délais critiques.
Une opportunité pour la sécurité routière en France
Transposée au contexte français, cette approche pourrait permettre de réduire le nombre de collisions impliquant les véhicules d’urgence. Le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) pourrait collaborer avec les services d'urgence (SAMU, pompiers) pour élaborer des protocoles inspirés de cette méthode.
Sécurité des intervenants : un enjeu prioritaire
L’étude souligne également que la réduction des déplacements à haut risque bénéficie directement à la sécurité des agents. En France, où les agents du SAMU et des pompiers sont régulièrement confrontés à des risques routiers, ces enseignements pourraient contribuer à diminuer les accidents liés aux déplacements d'urgence.
Le Dr Jarvis et ses collègues concluent que cette stratégie offre une meilleure correspondance entre les moyens déployés et la gravité réelle des situations d’urgence.

Quels prochains pas pour la France ?
La mise en œuvre de cette stratégie nécessiterait :
- Une analyse des données locales pour identifier les types d’appels les plus critiques.
- La formation des régulateurs à un nouveau système de tri.
- Un suivi rigoureux pour mesurer l’impact sur les délais et la sécurité.
Ces mesures pourraient renforcer la sécurité tant pour les intervenants que pour les autres usagers de la route.
Cette étude de référence offre un modèle concret d'amélioration des pratiques, combinant efficacité opérationnelle et sécurité renforcée. Adapter ces recommandations au système français pourrait s’avérer être un progrès majeur pour les services d’urgence.