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La décision est tombée ce 2 juin 2025, dans une salle d’audience toulousaine : six dirigeants d’entreprises de sécurité ont été condamnés pour avoir recruté des agents… sans titres de séjour, sans qualifications, mais dotés de vraies cartes professionnelles. Prêtées. Volées. Détournées. Peu importe : tout était bon pour remplir les missions, y compris dans des fan zones sous marché public.
Cette affaire illustre un malaise profond dans le secteur. L’exploitation de travailleurs clandestins n’a rien d’un écart isolé. C’est une fraude organisée, structurée, maquillée derrière des contrats de sous-traitance en cascade. Une mécanique bien rodée, où les papiers circulent comme des badges anonymes, où les heures travaillées échappent à toute déclaration, où les dirigeants optimisent leur marge… sur le dos des règles, de la loi, et de la sécurité publique.
Une fraude révélée par un contrôle… en fan zone
Tout commence à Bordeaux, le 23 septembre 2023, lors d’un contrôle inopiné dans une fan zone de la Coupe du monde de rugby. Sur place : des agents étrangers, en situation irrégulière, qui exhibent des cartes professionnelles valides. Sauf qu’elles ne leur appartiennent pas.
L’enquête menée par l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM), épaulée par le GIR de Toulouse et l’URSSAF, met rapidement au jour un système en réseau : six sociétés interconnectées, un même prestataire pour la gestion administrative, des identités empruntées à de vrais agents, et un contournement massif des obligations sociales.
Un million d’euros de préjudice, et des peines significatives
Les dirigeants impliqués écopent de peines allant de 6 mois de prison avec sursis à 3 ans dont un an sous bracelet électronique. Tous sont interdits à vie de gérer une entreprise. Trois véhicules, un local, une maison, et des liquidités sont saisis.
Les agents de sécurité impliqués, ainsi que deux personnes sans titre de séjour, sont également condamnés pour complicité. Deux d’entre eux le sont aussi pour blanchiment aggravé. Le préjudice pour les caisses publiques ? Plus d’un million d’euros de cotisations évaporées.
Derrière la fraude : une responsabilité politique et sectorielle
Cette affaire pose une question centrale : comment des marchés publics, attribués par des collectivités comme Bordeaux Métropole, peuvent-ils finir exécutés par des sans-papiers dotés de faux titres ?
La réponse est double : un système de sous-traitance opaque, trop peu contrôlé par les donneurs d’ordre, et un secteur de la sécurité privée en tension constante, où la pression sur les prix alimente les dérives.
À retenir
✅ Des sociétés de sécurité embauchaient des sans-papiers avec des cartes pro empruntées à de vrais agents
✅ Travail dissimulé, aide au séjour irrégulier, blanchiment : une fraude structurée révélée par un contrôle sur une fan zone
✅ Préjudice social : plus d’un million d’euros
✅ Interdiction définitive de gérer une entreprise pour les six dirigeants
✅ Saisie de véhicules, biens immobiliers et liquidités