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Alain Gardère aimait la bonne chère. Depuis que ce dernier a été mis en examen en janvier pour corruption passive et détournement de fonds publics, un restaurant parisien n’arrive pas à lui faire régler ses dettes.
La facture de 482,50 euros laisse Guy Ajalbert sur sa faim. Gérant du Hollywood Savoy, un restaurant parisien, il vient de se faire renvoyer dans les cordes par le Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps) pour deux repas pris en janvier par Alain Gardère, quelques jours avant d’être placé en garde à vue : «Cette facture a pour objet des repas privés et ne peut être prise en charge au titre des déjeuners de travail.» Et de lui suggérer de transmettre l’ardoise à «M. Gardère lui-même.».
Cet organisme, chargé de contrôler les entreprises de sécurité privée (délivrance d’agréments, de badges d’accès…), présidé par le criminologue Alain Bauer, dont Alain Gardère fut désigné directeur en décembre 2014, n’a pas toujours été aussi regardant. Cinq mois après sa nomination, le Cnaps envoyait au Hollywood Savoy une demande «d’ouverture de compte dans votre restaurant pour notre préfet M. Alain Gardère». En envisageant de tout régler à sa place : «Merci de nous faire parvenir un RIB. En tant qu’établissement public, nous réglons par virement bancaire après service fait.» Manifestement, le vent a tourné : en septembre 2015, une information judiciaire était ouverte. Le 15 janvier suivant, Gardère était placé en garde à vue puis mis en examen, illico déchu de ses fonctions par le ministère de l’Intérieur, tutelle du Cnaps.
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Ancien directeur adjoint de cabinet de Claude Guéant place Beauvau, Alain Gardère fait partie de ces flics sarkozystes promus préfets. A Marseille d’abord, puis en région parisienne, en charge de la sécurité des aéroports. Il est adepte du coup de pouce et des renvois d’ascenseur à la plus ou moins bonne franquette : une récente enquête de Mediapart précise qu’il est soupçonné, entre autres, «d’être intervenu pour faire classer sans suite un grand nombre de contraventions pour des proches et des relations d’affaires», d’avoir bénéficié en retour de «nombreux travaux gratuits, ristournes et autres cadeaux». Invitations en vacances à l’étranger, dans de bonnes tables parisiennes comme le Jules-Verne (au deuxième étage de la tour Eiffel) ou le Ciel de Paris (en haut de la tour Montparnasse).
Ce qui ne change rien à l’impayé pour lequel Guy Ajalbert a relancé le Cnaps en avril : «Vous conviendrez qu’il n’appartient pas à un restaurateur de faire le tri entre ce qui relève du privé et ce qui relève du service» d’un préfet amateur de bonne chère, toujours en fonction lors des deux repas en question – mais seulement pour quelques jours… Le juge d’instruction a infligé à Gardère une caution judiciaire de 150 000 euros. Mais son important patrimoine immobilier accumulé au fil de sa carrière policière (dix appartements en région parisienne) devrait toutefois lui permettre de régler ces 482,50 euros.
Les impayés d’un préfet sarkozyste
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