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Depuis début octobre, l’association le rémunère 1200 euros par mois pour 40 heures de présence dans ce quartier de la ville où les commerçants dénoncent: “les excès de quelques marginaux”.
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La Rochelle : les commerçants recrutent un vigile pour raisonner les SDF
Lassés des excès des SDF et des marginaux, les commerçants de la rue du Minage ont recruté un vigile.
La rue du Minage et la place du Pilori. Depuis début octobre un vigile de la société NPS monte la garde sous les arcades. (photo pascal couillaud)
C’est une première à La Rochelle. Début octobre, l’Association des commerçants et artisans (ACAM) de la rue du Minage a recruté un agent de sécurité – un vigile en d’autres termes – auprès de la société NPS. Sa mission : « assurer la tranquillité de nos clients et celle des commerçants », explique Sébastien Guinut, président de l’ACAM.
Ce recrutement, effectué en partenariat avec le magasin Carrefour, a été décidé pour ramener un peu de calme dans la célèbre rue à arcades. La rue – où le chapelier de Simenon poursuivait ses fantômes en 1949 et où les touristes affluent aujourd’hui – est squattée ici et là, de nuit comme de jour, par des sans-abri et des marginaux dont le comportement effraie parfois les riverains et les chalands.
« La population des marginaux a besoin d’être un peu encadrée », dit Sébastien Guinut. « Or on ne donne pas aux policiers municipaux les moyens d’être là en permanence ». D’où le recours au personnel d’une société de sécurité. « Le vigile qui a été délégué n’est pas là seulement pour le magasin Carrefour, il est communautaire », ajoute M. Guinut.
Les agents de NPS qui se relaient rue du Minage sont salariés par la société mais ce sont l’Acam et Carrefour qui financent les missions. Des missions qui semblent porter leurs fruits, les commerçants rencontrés hier se disant très satisfaits. « Depuis trois semaines, tout le monde est content ! Et les policiers aussi, parce qu’on les appelle beaucoup moins souvent. Le vigile, la police lui dit merci ! », confie un artisan. Qui évoque « l’exaspération énorme des petits commerçants », notamment de femmes qui n’étaient pas rassurées, le matin, au moment d’ouvrir leur magasin.
Un miséreux, ou un zonard, qui fait la manche devant telle ou telle porte n’est pas, en lui-même, un problème. « Mais ce sont les attroupements, à 5 ou à 10, avec les chiens, qui obligent les passants, et les clients, à faire un détour ou carrément à rebrousser chemin ».
En fonction de l’heure, ces citoyens plus ou moins alcoolisés peuvent devenir agressifs et incontrôlables. « Vous croyez que c’est amusant quand on crache sur votre vitrine et qu’on vous insulte ? Il faut comprendre la détresse des commerçants ».
Mardi après-midi, par exemple, le vigile en fonction devant Carrefour s’est vu contraint d’appeler la police, parce que le sans-abri planté devant le magasin pour faire la manche refusait de se déplacer de quelques mètres. « Il ne voulait rien entendre, et il dissuadait les gens d’entrer. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que si on en laisse un, il y en a un autre, puis deux, puis trois, qui vont arriver, avec les chiens. Certains, sans le savoir, indisposent d’autres personnes ».
Cet agent de sécurité connaît remarquablement son métier, qu’il exerce depuis huit ans à La Rochelle. « J’ai fait en quelque sorte toute la ville », dit-il dans un sourire. Ses missions le conduisent aussi bien dans les grandes surfaces qu’à la foire-exposition ou aux Francofolies. « Notre arme, c’est le dialogue. On n’a que la parole pour se défendre et, croyez-moi, on a beau avoir fait du karaté, quand on est face à une bande de 10 personnes, ce n’est pas évident. Et quand ça dépasse nos compétences, on appelle la police ».
Le vigile de la rue du Minage, en costume et cravate noirs, n’est évidemment pas armé. Mais il est rassurant. Et humain. « Avant j’ai travaillé à Grigny, une des banlieues les plus chaudes de Paris », confie-t-il. « Je n’ai rien, personnellement, contre les sans-abri. J’ai un métier un peu ingrat, mais c’est mon métier ».