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La scène paraît lointaine, presque d’un autre temps : des lettres suspectes, des colis fumants ou gras, un périmètre bouclé par les démineurs. Et pourtant, elle s’est rejouée ce week-end en Dordogne. Trois personnalités - le député Manuel Bompard, la journaliste Estelle Denis et l’humoriste Élodie Poux - ont été visées par des colis piégés expédiés depuis un bureau de poste rural.
Pas de blessé, heureusement. Mais un signal fort : le risque d’engin explosif improvisé, même artisanal, reste crédible sur le territoire français, y compris hors contexte terroriste.
Une menace diffuse, mais bien réelle
Ces dernières années, les services de Police ou Gendarmerie ont traité des centaines d’alertes colis suspects, souvent bénignes, parfois sérieuses.
Le danger, c’est la banalisation. On finit par penser qu’il s’agit toujours d’une “alerte de précaution”. Jusqu’au jour où la charge n’est plus factice.
Le cas de la Dordogne illustre ce risque “hybride” : un dispositif technique sophistiqué, sans létalité mais capable de blesser, signé d’un pseudonyme fantaisiste. Le geste n’a rien du hasard. C’est une mise en scène violente, adressée à des cibles médiatiques, pour “faire passer un message”.
Et c’est précisément ce type de scénario que les agents de sécurité doivent intégrer dans leur culture de vigilance.
Agents de sécurité : le premier maillon d’alerte
Leur rôle est souvent sous-estimé dans la chaîne de sûreté postale et logistique.
Pourtant, c’est bien eux qui peuvent repérer les indices avant tout le monde :
- expéditeur incohérent ou farfelu,
- sur-emballage excessif, traces de colle, fils, odeurs suspectes,
- absence d’adresse de retour ou fausse adresse,
- colis lourd pour un petit format,
- pli arrivé en dehors des circuits habituels.
Une simple vérification, un doute signalé, peut éviter un drame humain et judiciaire.
Former, répéter, documenter
Trop souvent, les formations “colis piégés” ne sont vues que comme un module ponctuel ou un diaporama théorique.
Il faut passer à une vigilance intégrée :
- exercices réguliers sur site,
- procédures d’isolement et d’évacuation connues de tous,
- coordination avec les forces de l’ordre et les démineurs,
- affichage des consignes de sécurité postale à proximité des zones de tri.
Le danger ne vient pas toujours de l’extérieur. Certains envois peuvent cibler des entreprises, des élus locaux, des journalistes ou même des prestataires de sécurité eux-mêmes, dans un contexte de tension sociale ou de représailles personnelles.
La vigilance, une compétence professionnelle à part entière
Face à ces menaces, il n’y a pas de place pour l’improvisation.
La vigilance doit redevenir un réflexe. Elle doit être enseignée, évaluée, mise en pratique.
Un colis suspect, ce n’est pas un “incident mineur” : c’est une situation potentiellement explosive, au sens propre comme au figuré.
À retenir
✅ Les colis piégés, même à faible charge, restent une réalité sur le territoire français.
✅ Le risque concerne tout type de cible : élus, journalistes, entreprises, administrations.
✅ Les agents de sécurité sont les premiers acteurs de détection.
✅ Signaler un doute ne retarde pas le service : il protège des vies.
✅ Former, répéter, documenter : la seule réponse efficace à la menace.