Aller au contenu

Des barbouzes au service d’un chantier A69: quand la sécurité privée dérape

🚧 Chantier de l’A69 : une société non agréée intégrée aux réunions de sécurité avec la préfecture et la gendarmerie. Quand la surveillance d’un projet public tourne à la dérive et flirte avec la violence organisée. 🕳️🔥

Table des matières

Dans le Tarn, une société privée non agréée par le CNAPS aurait transformé un contrat de "sécurité de chantier" en opération de terreur. Ce qui devait relever de la prévention des intrusions sur le chantier de l’autoroute A69 a, selon les enquêteurs, pris la forme d’une milice parallèle. Et cette fois, les barbouzes n’étaient pas au cinéma.


Le patron d’une société du Tarn, dort désormais en prison. Derrière ses airs d’entrepreneur du BTP se cache une tout autre histoire : celle d’un homme soupçonné d’avoir commandité des exactions violentes contre des militants opposés au projet d’autoroute Toulouse-Castres.
Des cocktails Molotov, des véhicules incendiés, des habitants aspergés d’essence : la liste des faits rapportés par les enquêteurs glace.

Ce même dirigeant avait pourtant déjà été condamné, il y a quelques mois, pour exercice illégal d’activité de sécurité privée. Son entreprise, Delta Pro Environnement, assurait la surveillance du chantier de l’A69 sans autorisation du CNAPS . Autrement dit : il n’avait aucun droit d’envoyer des agents de sécurité sur site.


Des “missions d’audit” qui sentaient la barbouzerie

Officiellement, le contrat passé avec le géant du BTP NGE ne portait que sur de la logistique : audits, location de matériel, appui technique. En réalité, les enquêteurs ont mis au jour un tout autre dispositif : du personnel affecté à la surveillance, des rondes, des interventions - bref, une activité de sécurité privée dans les règles… sauf qu’aucune règle n’était respectée.

Le CNAPS avait déjà tranché : aucune autorisation, aucun agrément, aucune moralité validée. Pourtant, l’entreprise continuait d’opérer sur un chantier sensible, en marge du droit.

Quand la frontière entre "sécuriser" et "intimider" devient floue, le risque est immense. Dans cette affaire, plusieurs suspects affirment avoir reçu jusqu’à 800 euros pour mener des opérations de représailles contre les anti-A69. L’un d’eux aurait agi sur instruction directe du gérant.

Plus grave encore : le gérant participait régulièrement à des réunions officielles de coordination avec la préfecture et la gendarmerie, au titre de la “sécurisation du chantier”.


Une dérive qui salit toute la profession

Ce dossier illustre ce que le secteur redoute le plus : la confusion entre sécurité privée et opérations illégales de coercition.
Quand un prestataire sans agrément s’improvise chef de commando, il ne compromet pas seulement un chantier - il met en péril la légitimité de toute une profession.

La sécurité privée n’est pas une zone grise du maintien de l’ordre. Elle est encadrée par le Code de la sécurité intérieure, contrôlée par le CNAPS, soumise à des exigences de moralité, de formation, de traçabilité.
Oublier cela, c’est franchir la ligne rouge : celle qui sépare un agent de sécurité d’un barbouze.


Le silence gêné des donneurs d’ordre

La question centrale reste entière : comment un tel prestataire, déjà épinglé par le CNAPS, a-t-il pu continuer à intervenir sur un chantier d’État, financé par des fonds publics ?
NGE, maître d’ouvrage, assure avoir délégué à des sous-traitants de confiance. Mais l’enquête judiciaire pourrait bien montrer que certains ont fermé les yeux sur des pratiques qu’ils savaient illégales.

L’affaire des barbouzes de l’A69 dépasse donc le simple fait divers : elle pose un problème structurel de contrôle et de responsabilité. Le CNAPS n’est pas seulement un organisme administratif ; c’est un garde-fou. Quand il est contourné, c’est la sécurité républicaine qui vacille.

Comment justifier que des décideurs publics aient accepté la présence d’un acteur en infraction dans un dispositif officiel de sécurité ?


À retenir

  • Le gérant de Delta Pro Environnement a été condamné pour exercice illégal d’activité de sécurité privée.
  • Malgré cette interdiction, il aurait organisé des actions violentes contre les opposants à l’A69.
  • L’entreprise n’avait aucun agrément CNAPS pour intervenir sur le chantier.
  • L’affaire interroge la responsabilité des donneurs d’ordre.

commentaires

Dernier

Politique de confidentialité Politique relative aux Cookies Conditions Générales