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Compte rendu de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale
Mercredi 15 février 2023, la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les ingérences politiques, économiques et financières étrangères a tenu une audience à huis clos. L’invité était M. Florian Colas, directeur national du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED, ministère de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique).
M. Colas a souligné la position unique de la DNRED, qui est à la fois un service à compétence nationale de la direction générale des douanes et des droits indirects et membre du premier cercle de la communauté nationale du renseignement. Cette double appartenance lui confère une situation hybride singulière au sein de la structure gouvernementale.
L’une des principales préoccupations soulevées au cours de l’audience était le risque de corruption au niveau des collectivités territoriales, particulièrement aux frontières et aux ports. Cette menace serait directement ou indirectement liée aux activités de trafic. M. le président Jean-Philippe Tanguy a posé une question intéressante : “La drogue peut-elle être utilisée comme un nouveau moyen de corruption en tant que substitut à la monnaie ?”
En réponse, M. Colas a identifié deux niveaux de corruption qui préoccupent particulièrement la DNRED.
- Le premier concerne les acteurs opérant dans les infrastructures portuaires et aéroportuaires. Les professions portuaires, telles que les dockers, les sociétés de gardiennage des ports, les transporteurs routiers qui manipulent les conteneurs à la sortie des ports et le personnel d’escale dans les aéroports, sont malheureusement devenues des cibles faciles pour la corruption.
Il est désormais possible de recruter un “opérateur” sur les réseaux sociaux pour une “prestation” très circonscrite : la corruption peut se réduire à l’achat d’un simple passage d’un sac ou d’un conteneur d’un point A à un point B. - Le deuxième niveau de corruption qui inquiète la DNRED concerne les structures chargées de la logistique du trafic et de son blanchiment. Certaines sociétés de déménagement et entrepôts de transport, qui semblent être des entreprises ordinaires, sont en réalité les bras officiels d’organisations criminelles.
Ces révélations soulignent l’importance d’une vigilance accrue et d’une réglementation stricte dans le secteur de la sécurité privée, en particulier dans les zones sensibles telles que les ports et les aéroports. La lutte contre la corruption dans ces domaines est un enjeu majeur pour la sécurité nationale et la préservation de l’intégrité des institutions publiques.