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Ce 18 juin 2025 à Rennes, Yovan Delourme, alias « Le Jarl », a été placé en garde à vue. Celui qui est considéré par de nombreuses personnes comme chef de la sécurité du 1988 Live Club est désormais formellement entendu pour exercice illégal d’activité de sécurité privée, en violation manifeste du Code de la sécurité intérieure.
Et ce n’est pas un détail administratif. C’est toute une série de textes de loi qu’il aurait piétinés. Et toute une profession qui risque, une fois encore, de payer les pots cassés.
Un "chef de la sécurité" sans carte pro, ni autorisation CNAPS
Le CNAPS a confirmé à la presse qu’il ne détient aucune carte professionnelle délivrée au nom de Yovan Delourme. Ni comme agent de sécurité, ni comme dirigeant de service interne.
Autrement dit : tout ce qu’il a fait depuis des mois était hors-la-loi.
Il encourt donc notamment :
- 1 an de prison et 15 000 € d’amende (article L.617-8 CSI) pour avoir exercé sans carte professionnelle.
- 3 ans de prison et 45 000 € d’amende (article L.617-3 alinéa 4) pour avoir dirigé un service interne de sécurité sans autorisation.
Et ce n’est que le début.
Il se disait agent de sécurité… sans jamais l’être légalement
Une autre pièce du dossier, pourtant passée sous les radars, mérite toute l’attention : dans une ordonnance du 12 décembre 2024 (TJ Rennes, n°24/00600), où l'on devine que l'on parle de Yovan Delourme, et qui s’est lui-même présenté devant la justice comme “agent de sécurité” du 1988 Live Club.
Le document précise clairement :
« Monsieur [C] est cadre dirigeant de l’établissement 1988 LIVE CLUB. Il y travaille en tant qu’agent de sécurité. »
— Tribunal judiciaire de Rennes, Ordonnance de référé, 12 décembre 2024
L’erreur de trop : des interventions sur la voie publique
Le 9 mars, lui et son équipe interviennent en dehors du périmètre du 1988 Live Club, pour empêcher des jeunes d’accéder à une rave dans un ancien cinéma. Ils pénètrent dans les lieux, dispersent au gaz, et envoient les images sur les réseaux.
On ne parle plus ici d’un excès de zèle. On parle d’une infraction pénale bien définie :
Article L.617-11 CSI :
Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende le fait d'exercer ou de faire exercer des fonctions de surveillance sur la voie publique sans autorisation préfectorale.
Des vidéos antérieures, publiées par ses soins, montrent aussi des arrestations sauvages, fouilles illégales, visionnage de vidéosurveillance externe et interpellations sur trottoir ou sur la "Dalle". Tout cela sans appel aux forces de l’ordre, sans cadre légal.
Une accumulation de délits potentiels
S’il est poursuivi sur la base des différents chefs évoqués, le cumul est sévère :
- Exercice illégal d’une activité privée de sécurité → L.617-8
- Direction non autorisée d’un service interne → L.617-3 (4°)
- Surveillance de la voie publique sans autorisation → L.617-11
Soit un risque théorique de 6 ans de prison et 90 000 € d’amendes cumulées.
Sanctions professionnelles à venir ? Le CNAPS ne pourra pas reculer
Au-delà du pénal, le CNAPS peut aussi interdire à Yovan Delourme d’exercer toute activité de sécurité privée pendant plusieurs années.
Selon l’article L.634-9 CSI, les sanctions disciplinaires peuvent aller jusqu’à :
- 7 ans d’interdiction d’exercice
- 7 500 € de sanction pécuniaire
Et au vu de la quantité de preuves vidéo… il est difficile d’imaginer que le régulateur puisse, cette fois, fermer les yeux.
Un tournant judiciaire pour la profession ?
Le Jarl est le symbole d’un modèle dangereux, où l’image, l’autorité autoproclamée et la force remplacent l’éthique, la formation et la loi. En multipliant les vidéos, il s’est construit un personnage… mais il a aussi laissé des dizaines de preuves accablantes.
Dans ses propres mots : « On ne s’est pas couché face à l’extrême gauche ! »
Mais le droit, ce n’est pas un camp politique. Ce sont des textes, des cartes, des habilitations.
Et cette fois, c’est la loi républicaine qui vient frapper à la porte.
À retenir
- Le Jarl est en garde à vue pour exercice illégal d’activités privées de sécurité.
- Il ne détient ni carte professionnelle, ni autorisation préfectorale, ni titre de direction.
- Son cas est emblématique des dérives non contrôlées dans certains services internes.
- Le CNAPS le met face à ses responsabilités.