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Le couperet est tombé le 18 septembre 2025. Le ministère nigérien de l’Intérieur a signé un arrêté dissolvant 400 sociétés privées de sécurité. Une décision brutale mais annoncée : depuis février, un décret avait posé un cadre inédit pour réguler un secteur livré à lui-même.
Un secteur livré au désordre
Pendant des années, les sociétés de sécurité privée au Niger ont prospéré sous de simples autorisations provisoires. Résultat : une multiplication d’acteurs informels, des dérives, des abus, des agents payés au lance-pierre (souvent moins de 50 000 F CFA par mois - soit environ 76 € par mois.), sans protection sociale ni conditions de travail dignes.
Dès juin 2024, trois sociétés connues - SecuriCom, Gadnet Sécurité et Manga Sécurité - avaient déjà perdu leurs autorisations. L’avertissement était clair : l’État voulait reprendre la main.
Le décret de février 2025 : un tournant
Adopté en Conseil des ministres le 7 février, le décret interdit aux sociétés privées d’exercer des missions régaliennes, impose une autorisation de cinq ans, renouvelable mais non cessible, et encadre strictement le port d’armes.
Les dirigeants doivent être de nationalité nigérienne et passer une enquête de moralité. Une commission de contrôle a été créée pour superviser le secteur.
Les entreprises avaient six mois pour se mettre en règle. Passé ce délai, la sanction était connue : la dissolution.
73 survivants, 400 disparus
Le 19 août, le ministère avait publié la liste des 73 sociétés régularisées ou en cours de traitement. Les autres savaient ce qui les attendait. Un mois plus tard, la sanction est tombée : 400 radiations d’un seul coup, du petit prestataire inconnu aux géants locaux comme Le Bouclier ou Tigre Security Group.
Des milliers d’agents sur le carreau
Derrière cette décision se cache une réalité sociale lourde : des milliers d’agents de sécurité se retrouvent sans emploi du jour au lendemain. Les entreprises et institutions clientes devront rapidement se tourner vers les sociétés encore autorisées.
Pour l’État, le pari est clair : mieux vaut un secteur resserré, mais contrôlé, qu’un marché anarchique où la sécurité elle-même devient un risque. Mais sans accompagnement social, cette purge risque d’aggraver un chômage déjà massif.
À retenir
- 400 sociétés de sécurité dissoutes par arrêté le 18 septembre 2025.
- Seules 73 sociétés ont déposé et obtenu une régularisation.
- Cadre légal inédit depuis le décret du 7 février 2025.
- Interdiction des missions régaliennes, autorisation de 5 ans, encadrement strict des armes.
- Conséquences sociales : des milliers d’agents au chômage.
Source
- Décret du 7 février 2025, adopté en Conseil des ministres du Niger.
- Arrêté du 18 septembre 2025 signé par Mohamed Toumba, ministre de l’Intérieur.