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Une révolution… qui n’en est pas vraiment une
Depuis le 1er septembre 2025, la formation initiale des agents de sécurité (même armé !) peut se faire en partie à distance. L’arrêté, publié au JO du 6 septembre, marque une rupture symbolique : le présentiel n’est plus obligatoire pour tout. Mais derrière cette annonce, une réalité s’impose : le distanciel n’est pas une nouveauté. Il existait déjà, à la marge, depuis près de dix ans.
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000052197461
Le fil historique du distanciel en sécurité privée
- 2016 - Dirigeants
Le premier pas est discret. Le référentiel technique permet aux dirigeants et gérants de suivre leur module juridique à distance, via une plateforme dédiée. Une ouverture encadrée, mais passée inaperçue en dehors du cercle des organismes de formation. - 2017 - Agents de sécurité
C’est le blocage total. L’arrêté du 27 juin impose le 100 % présentiel pour la formation initiale. Pas une heure en ligne. Le CNAPS garde la main sur un dispositif jugé plus sûr, mais déjà dépassé. - 2018 - Recherche privée
Les enquêteurs privés obtiennent à leur tour le droit de suivre leurs cours théoriques à distance. L’annexe IX du référentiel précise même les modalités : plateforme dédiée, suivi des stagiaires, validation par questionnaire. - Octobre 2018 - MAC
Le distanciel fait son entrée officielle dans le maintien et actualisation des compétences. Une avancée pratique pour des milliers d’agents déjà en activité. - 2023–2024 - Surveillance Grands Évènements (SGE)
Dans la perspective des JO de Paris, une formation accélérée de 106 heures est créée. Et là encore, une brèche : une semaine peut être suivie à distance. Preuve que l’État savait déjà adapter ses exigences quand l’urgence l’imposait. - 2025 - Agents de sécurité
Enfin, le verrou saute. L’arrêté du 1er septembre officialise le distanciel pour la formation initiale des agents de sécurité. Une évolution attendue, qui aligne le cœur du métier sur des pratiques déjà validées ailleurs.
Ce que dit l’arrêté 2025
- Modules théoriques (droit, déontologie) : à distance.
- Mises en situation pratiques : en présentiel obligatoire.
- Traçabilité numérique : connexions, identités, temps de formation.
- Déclarations CNAPS : 15 jours avant la session, 48 h en cas de modification.
L’enjeu réel
Sur le papier, la réforme modernise et ouvre la formation. Les stagiaires éloignés, les salariés en reconversion ou les demandeurs d’emploi y trouvent un gain d’accessibilité.
Mais elle pose une question centrale : le CNAPS saura-t-il contrôler le numérique comme il contrôlait les salles de cours ?
Car si le distanciel élargit les possibilités, il ouvre aussi la porte aux dérives : sessions “au rabais”, agents mal préparés, diplômes délivrés à la chaîne.
Ce n’est pas la découverte du distanciel, c’est son officialisation au cœur de la filière. Une évolution logique, presque inévitable. Mais elle n’a de sens que si le contrôle suit. Car la sécurité privée n’a pas besoin de stagiaires “formés derrière un écran”, mais d’agents solides, opérationnels et crédibles.
À retenir
- 2016 : distanciel pour les dirigeants (module juridique).
- 2017 : agents → présentiel intégral.
- 2018 : recherche privée → théorie en ligne ; MAC → distanciel acté.
- 2023–2024 : SGE → formation accélérée avec une semaine à distance pour les agents de sécurité en évènementiel.
- 2025 : agents de sécurité → la formation initiale s’ouvre enfin au numérique.