La mise à l’encan des services publics et des grandes entreprises de l’État est un héritage du thatchérisme dont les Britanniques se passeraient bien. Plutôt que d’investir pour conserver des services hospitaliers réactifs, des réseaux ferrés modernes et des services de sécurité performants, les gouvernements en place depuis les années 1980 ont préféré privatiser à grande échelle, réduisant ainsi les effectifs de la fonction publique.
Au nom de la rentabilité
« Prenez le transport ferroviaire. Ce n’est ni meilleur marché ni plus efficace qu’avant la privatisation », assure Val Shawcross. Le porte-parole du groupe travailliste au conseil municipal du Grand Londres rappelle les pannes, les retards, les accidents, la suppression de lignes, « tout ça au nom de la rentabilité ». Du côté de la santé, la situation n’est guère plus encourageante.
La privatisation du NHS (National Health Service), bien que farouchement attaquée, se poursuit. En mars, la cardiologie (examens et opérations) a été confiée à onze entreprises privées qui recevront 780 millions de livres pour réduire les délais croissants dans les hôpitaux publics. « C’est un système à deux vitesses, qui crée des inégalités », critique-t-on à la NHS Support Federation où l’on n’en finit pas de recenser les fermetures d’établissements, la disparition de lits d’hospitalisation, les preuves de la baisse de qualité des soins.
Bijoux de famille
La grande braderie n’épargne pas les armées où l’externalisation est galopante. Récemment, le Defence Support Group (2 800 employés), chargé de la maintenance, des véhicules et des aéronefs militaires, est passé sous le contrôle de la société britannique Babcok. Puis la société Capita a été choisie pour succéder au Defence Infrastructure Organisation (2 500 employés) qui gérait les casernements, les logements de 50 000 militaires, seize camps d’entraînement. En mars, c’est le réseau militaire de distribution de carburant GPSS qui a été vendu aux Espagnols.
Inflexibles, les conservateurs entendent continuer la vente des « bijoux de famille », Francis Maude, le ministre du Travail, annonçant « une vague de privatisations » et affirmant que « certaines prestations ne seront plus du tout fournies par le service public ».
L’opposition est divisée. Les Verts veulent re-nationaliser. « Privatiser, ça signifie baisser les salaires et dégrader les conditions de travail, réduire la qualité du service rendu et transférer l’argent public dans les mains du privé », peut-on lire dans leur Manifeste électoral.
Suppressions d’emplois
Du côté des travaillistes, la posture est moins tranchée. Ed Miliband suggère des transferts de compétences aux autorités locales. Qui n’applaudissent pas des deux mains à cette idée. Elle les obligerait à investir davantage, à faire face à une masse salariale croissante et à s’endetter. À moins de privatiser à leur tour.
Déjà, dans le Lincolnshire, les accueils de commissariats de police sont tenus par des employés de la société de sécurité privée G4S dans le cadre d’un contrat de dix ans. Le coût pour la collectivité est de 200 millions de livres « mais l’économie annuelle est de 5 millions », tempère-t-on chez G4S, où l’on oublie de dire que des dizaines d’emplois ont été supprimées et que les salaires ne sont en rien attractifs.
Législatives au Royaume-Uni. Comment les services publics ont été bradés
La mise à l’encan des services publics et des grandes entreprises de l’État est un héritage du thatchérisme dont les Britanniques se passeraient bien. Plutôt que d’investir pour conserver des …
Mickaël MINGEAU
Professionnel et expert en droit appliqué à la sécurité privée, avec plus de 20 ans d'expérience dans ce secteur. Consultant, Formateur et enseignant. Titulaire d'une licence professionnelle, SSIAP 3.
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