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Vingt-six ans après le braquage sanglant d’un fourgon de transport de fonds à Marseille durant lequel deux convoyeurs avaient été tués, la cour d’assises des Bouches-du-Rhône juge à partir de jeudi Franck Perletto, 53 ans, présenté comme une figure de la pègre toulonnaise.
Il ne reste qu’un seul inculpé lié à l’attaque sanglante d’un fourgon de transports de fonds il y a 26 ans à Marseille. Franck Perletto, figure du grand banditisme varois, comparaîtra demain jeudi, devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône.
Procès-verbaux dactylographiés jaunis, termes juridiques tombés aux oubliettes, ancien code pénal en vigueur, partie civile décédée: “On fait les greniers judiciaires”, déplore Jean-Claude Guidicelli, l’un des défenseurs du seul accusé.
Abattu d’une balle dans le cou
Le 13 mars 1990, un fourgon de la société Sécuripost contenant 4,9 millions de francs (environ 750.000 euros) tombe dans un guet-apens dans le 13e arrondissement de Marseille. Après avoir mitraillé le véhicule, le commando de sept hommes place un explosif sur la porte arrière. Un convoyeur de fonds, Alain Meisson, 41 ans, est tué sur le coup.
Alors qu’ils s’échappent du fourgon éventré, les deux autres convoyeurs sont sommés de passer les sacs d’argent. Blessé, Philippe Munoz, 28 ans, n’y parvient pas.
Il est abattu d’une balle dans le cou par un malfaiteur encagoulé.
Seul Louis Bonnefond, 56 ans, un gendarme retraité reconverti dans le convoyage de fonds, survit à ses blessures mais il est décédé il y a quelques semaines. Il s’était réjoui d’apprendre que le procès soit enfin audiencé devant les assises, a indiqué son avocate Me Annie Muniglia Reddon.
Inculpé puis remis en liberté
Au bénéfice de renseignements anonymes désignant la “bande du Mourillon”, du nom d’un quartier de Toulon, les enquêteurs ont identifié Franck Perletto, gérant d’une société de jeux électroniques et de machines à sous, pas encore connu comme le “parrain du Var” . Deux autres suspects ont été mis en examen en mars 1994, mais sont décédés en 1996. L’un d’eux a été assassiné à Marbella (Espagne).
“Inculpé” le 13 mars 1992, notamment d’assassinats, Franck Perletto a été remis en liberté le 2 juin 1994, le sang d’un des auteurs du braquage retrouvé sur les lieux ne correspondant pas au sien.
Braquage, affaire Yann Piat, trafic de stupéfiants…
L’instruction n’a été rouverte qu’en 2008, en raison de l’obstination du convoyeur survivant. En 2010, devant un nouveau juge d’instruction, Louis Bonnefond avait affirmé que la libération de Perletto était la rétribution de révélations faites par sa famille sur les auteurs de l’assassinat de Yann Piat, députée abattue le 25 février 1994 à Hyères (Var).
Franck Perletto comparaîtra détenu. Il a été condamné à plusieurs reprises à de lourdes peines de prison pour des trafics internationaux de cocaïne et de cannabis ainsi que pour une évasion par hélicoptère de la maison d’arrêt d’Aix-en-Provence
en 2003.
Le verdict est attendu le 29 avril.