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Le Dauphiné nous indique qu’un “chauffeur” , envoyé par une société privée, un retraité de 72 ans devait conduire un véhicule chargé d’escorter un détenu.
Un véhicule de l’administration pénitentiaire doit escorter une ambulance qui ramène un détenu de l’hôpital de Verdun (Meuse) vers une unité de soins psychiatriques basée près de Nancy (Meurthe-et-Moselle), relate L’Est Républicain.
Au volant, il ne s’agit pas d’un agent de la pénitentiaire puisque la mission de conduire ces monospaces a été concédée à une société privée, GEPSA. Et ce jour-là, l’entreprise envoie, en guise de chauffeur, un homme de 72 ans, retraité, vendeur de son métier, sans aucune formation préalable ni sur le véhicule utilisé -un Space Tourer-, ni pour la conduite pénitentiaire, ni même sur l’escorte de personnes détenues.
Dès que la sirène deux-tons était en marche, il perdait tous ses moyens… A tel point que le chef d’escorte de la mission a pris la décision de reléguer le chauffeur sur la banquette arrière afin de prendre le volant.
L’homme s’est rapidement révélé incapable d’honorer sa mission : il n’a pas pu enclencher la première sans s’aider du frein à main, il n’a pas su ouvrir le coffre, il n’a pas réussi à suivre l’ambulance de près, empiétant sur plusieurs voies sur l’autoroute, frôlant des camions et manquant de causer un accident.
La société GEPSA ?
GEPSA est le partenaire de “référence” du Facility Management en site sensible. C’est une entreprise privée ayant fait en 2018 un Chiffre d’affaires de 173 679 900.00 €.
C’est une SA (siret: 34212254600779), avec un code APE … Justice (8423Z). GEPSA à par exemple ENGIE comme Administrateur, ou encore
En 1986, le Garde des Sceaux Albin Chalandon mène un programme ambitieux de construction de 13 000 nouvelles places de prison sous une forme innovante, favorisant la collaboration entre le secteur public et le secteur privé : la gestion déléguée.
Cette nouvelle dynamique contractuelle permet au Ministère de la Justice de se concentrer sur ses missions régaliennes (direction d’établissement, greffe et sécurité) et de confier la gestion de ces nouveaux sites à des acteurs du secteur privé.
A l’époque, c’est Lyonnaise des Eaux, alors engagée dans un vaste programme de diversification auprès des collectivités, qui décide de capter cette opportunité et de créer une filiale dédiée à ce marché : GEPSA.
GEPSA propose des chauffeurs privés pour les escortes pénitentiaire ?
Le chauffeur polyvalent GEPSA, partenaire de l’Administration Pénitentiaire, assure le transport des détenus (vers les hôpitaux ou d’autres centres pénitentiaires) et/ou le transport de marchandises liées aux activités de production. Il est également responsable du suivi et de l’entretien du parc de véhicules ainsi que des contrôles réglementaires.
Et la sécurité privée alors ?
Premièrement, pour faire un parallèle avec de l’existant, seules les sociétés de sécurité peuvent répondre à un marché public permettant d’assurer le transport de personnes retenues en centres de rétention ou maintenues en zones d’attente, conformément à l’Article L821-1 du code des transports ( Voir mon article à ce sujet).
Pourquoi ne pas avoir imposé cela pour les marchés publics concernant la conduite de véhicule d’escorte de l’administration pénitentiaire ? Ne serait-il pas cohérent que ces chauffeurs privés bénéficient d’un agrément spécifique et d’une formation, comme pour celui de la conduite des véhicules pour le transport des personnes en rétention administrative ?
Est-ce normale d’avoir cette société GEPSA, assurant une hégémonie dans ce type de prestation de SECURITE, sans toutes les contraintes d’une société de sécurité privée ?
Ne serait-il pas plus logique d’avoir une entreprise privée, agrée par l’état, avec un code de déontologie, une formation reconnue et un recyclage, une obligation de bonne moralité … comme une société de sécurité privée ?
Dans le cadre des discussions autour du livre blanc 2020 sur la sécurité intérieure, il faut remettre à plat ce type de prestation assurée par des entreprises privées, et l’inclure naturellement dans le giron du CSI livre VI !
La conduite de véhicule d’escorte pénitentiaire, doit intégrer le CSI livre VI, tout comme l’est actuellement la conduite des véhicules pour les personnes en rétention administrative !