Depuis quelque temps déjà, des investigations avaient été diligentées sur la base de soupçons de corruption autour de l'antenne marseillaise du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps). Le Cnaps, cet établissement public sous tutelle du ministère de l'Intérieur, est chargé d'assurer le contrôle des agents de sécurité privés : vérification des antécédents judiciaires, cartes professionnelles et agréments, justificatifs liés à l'usage de chiens, etc. Il apparaît que deux employés de cet organisme auraient outrepassé leurs droits en échange d'argent.
Les négociations de pots-de-vin ont été menées à la salle de sport, où les sommes étaient désignées comme des "protéines" dans les échanges téléphoniques interceptés par la police. L'enquête a révélé que l'un des employés du Cnaps avait négocié au moins trois passe-droits : une carte professionnelle, facturée 2 000€, et l'ajout de chiens sur les papiers de deux agents de sécurité.
En ce mardi matin de mai, cinq personnes sont appelées à comparaître devant le tribunal correctionnel de Marseille pour répondre de faits de corruption : deux anciens salariés du Cnaps et trois bénéficiaires de ces petits arrangements. Le principal prévenu, un dénommé Kim, n'est ni présent, ni représenté. C'est lui qui a négocié les passe-droits. Son ancienne collègue Olivia, avec qui Kim entretenait une relation intime, est poursuivie pour complicité.
Les prévenus présents reconnaissent en majorité les faits, même si Olivia affirme n'avoir relié les points que tardivement, aveuglée par les sentiments qu'elle portait à son ex-collègue. "Le Cnaps est un garde-fou pour une profession sensible dans laquelle on veille notamment à vérifier les casiers et les antécédents judiciaires", rappelle Me Thomas-Aubergier, avocate de l'institution, qui réclame, au nom de l'atteinte à la réputation, une indemnisation solidaire de 7 000 €.
Les réquisitions du parquet reflètent la frustration de l'absence de Kim au procès : 18 mois de prison avec sursis et 1 500€ d'amende avec une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique. Pour les autres, le magistrat réclame de 4 à 8 mois de prison avec sursis, assorties d'amendes pour les "clients".
La plupart des agents qui ont marché dans la combine l'auraient fait par facilité, pour aller plus vite, en court-circuitant le système. "Le temps administratif est parfois incompatible avec le temps humain", résume ainsi Me Roubaud. Le verdict sera rendu le 14 juin prochain. Jusque-là, ce scandale rappelle l'importance de la transparence et de l'intégrité dans les institutions publiques, et notamment dans celles chargées de la sécurité.
Restez à l'écoute pour plus d'informations sur ce cas intrigant de corruption dans le monde de la sécurité privée.
Mickaël MINGEAU
Professionnel et expert en droit appliqué à la sécurité privée, avec plus de 20 ans d'expérience dans ce secteur. Consultant, Formateur et enseignant. Titulaire d'une licence professionnelle, SSIAP 3.
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