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Il y a des coïncidences qui font sourire. Ou réfléchir.
Le 5 novembre 2025, le ministère de l’Intérieur signe - enfin - l’arrêté renouvelant la commission d’expertise du CNAPS (qui ne sera publié au JO que le 11 novembre).
Un texte attendu depuis plus de deux mois, puisque la précédente commission n’était plus légitime depuis le 1er septembre.
Et le plus ironique dans tout ça ? L’arrêté tombe… le jour même où je publiais mon article sur le vide juridique entourant cette instance.
Simple hasard du calendrier ou réaction accélérée ? Peu importe. Ce qu’il faut retenir, c’est que le CNAPS retrouve une base réglementaire claire, et que l’Union des Métiers de la Sécurité (UMS) fait enfin son entrée officielle dans la commission.
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000052556098
Un retour par la grande porte
Le 5 novembre à peine, j’écrivais sur 83-629.fr que la commission d’expertise fonctionnait dans le flou : mandat arrivé à échéance le 1er septembre 2025, aucune trace publique de reconduction, et surtout, un doute persistant sur sa légitimité juridique.
Ce vide vient d’être comblé. Le nouvel arrêté du 5 novembre 2025 réinstalle formellement les membres, pour un nouveau mandat de trois ans.
Mais surtout, il rééquilibre (enfin) la représentativité des acteurs de la sécurité privée. L’UMS, ex-ADMS, qui avait été évincée en 2022 et déboutée par la justice en mars dernier, obtient aujourd’hui une place dans cette instance stratégique.
Un revirement politique et institutionnel que beaucoup jugeront logique, après des années de bras de fer sur la représentativité patronale.
Rappel du contexte : un combat juridique perdu, mais une bataille gagnée
L’UMS avait longtemps dénoncé un système verrouillé. En 2022, la composition de la commission avait été fixée par arrêté au bénéfice quasi exclusif du Groupement des Entreprises de Sécurité (GES).
Estimant cette décision injuste et fondée sur des chiffres de représentativité obsolètes, l’UMS avait saisi la justice.
Le 12 mars 2025, la Cour administrative d’appel de Paris avait pourtant rejeté sa requête, validant la composition initiale. Un échec juridique, mais pas politique.
Car l’absence de reconduction officielle de la commission après septembre 2025 avait ouvert une brèche : je l’avais écrit ici même, cette faille administrative pouvait permettre à l’UMS de revenir dans le jeu. C’est exactement ce qu’il s’est passé.
Une recomposition nécessaire
La publication du nouvel arrêté ne se contente pas de remettre la commission en conformité avec le Code de la sécurité intérieure (article R.632-10).
Elle actualise aussi la liste des représentants :
Pour la surveillance et le gardiennage ;
-Abdelhamid Faddeoui : Président du GES. Dirigeant du Groupe AETOS.
- Sofiane Aboubeker : Président de l'UMS. PDG ARECIA
Pour la télésurveillance et des opérateurs privés de vidéoprotection
- Patrick Lanzafame : Président de la GPMSE. PDG TAES group
Pour la sûreté aéroportuaire
- Baudouin Delescluse : Président et Directeur Général ATALIAN Pôle Sécurité et Sûreté
Pour le transport de fonds
- François Daoust : Directeur de CY Forensic School chez CY Cergy Paris Université (dont la nomination surprend : selon son profil LinkedIn, aucune expérience directe dans ce domaine n’apparaît)
Pour la protection rapprochée
- Christophe Bonamy : Directeur-Associé chez SENTINEL- AICS Protection
Pour la recherche privée
- Samuel Mathis : Directeur de Ecole Superieure des Agents de Recherches Privées
Pour la formation
- Olivier Driffort : Président Union Française des Acteurs de Compétence en Sécurité (UFACS), direction d'ARTEMIS Group
- François Devilliers : Responsable formation au sein d'Atlas sécurité Privée
Un renouvellement global, où le nom de l’UMS marque enfin la reconnaissance institutionnelle d’une organisation longtemps marginalisée.
Ce que cela change
L’arrivée de l’UMS au sein de la commission d’expertise n’est pas une victoire symbolique : elle modifie l’équilibre interne des échanges et pourrait influencer les futurs avis rendus par cette instance sur plusieurs sujets sensibles.
Pour un syndicat qui se battait pour exister face au GES, c’est une reconquête stratégique.
Mais il faudra désormais que cette recomposition s’accompagne d’une vraie ouverture de travail.
Et il serait temps qu’y siègent aussi des spécialistes de terrain, notamment sur la cynophilie , pour éviter les dérives que j’évoquais récemment dans l’article sur la maltraitance des chiens de sécurité.
Mais une chose est sûre : cette nomination remet de la légitimité dans un dispositif qui en manquait. Et c’est une bonne nouvelle pour toute la profession.
À retenir
✅ L’arrêté du 5 novembre 2025 renouvelle officiellement la commission d’expertise du CNAPS.
✅ L’UMS (ex-ADMS) y fait son entrée après plusieurs années d’exclusion.
✅ Cette intégration rétablit un équilibre de représentativité dans le secteur.
✅ La commission d'expertise du CNAPS retrouve une base juridique solide après plusieurs semaines d’incertitude.
✅ Prochaine étape : une vraie place aux experts de terrain, notamment et surtout cynophiles.
Sources : Arrêté du 5 novembre 2025 portant nomination à la commission d’expertise du CNAPS, JORF n°0265 du 11 novembre 2025.