Comment, et à quel prix, les festivals bretons assurent-ils la sécurité de leur public, parfois très jeune ? Tous ont désormais leur PC sécurité, leurs médecins urgentistes, leurs pompiers… Et même leurs gendarmes, « loués » à l’État.
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Entrer dans un festival, c’est un peu comme vouloir accéder à un avion dans un aéroport. Palpations de sécurité quasi systématiques, interdictions en série : pas d’armes, pas d’objets contondants, pas de boîtes métalliques ou en verre… Le passage obligé entre les mains d’un « vigile » (on dit « agent de sécurité privée ») est l’étape la plus visible des dispositifs de sécurité mis en place par les festivals de musique. « Cela a toujours existé, mais c’est devenu très encadré et très professionnel, insiste Gaël Brouard, responsable de la société MAG sécurité (Caen), qui participe notamment au dispositif du Festival du Bout du Monde. Tous nos agents ont été spécialement formés et sont détenteurs d’une habilitation délivrée par un organisme dépendant du ministère de l’Intérieur. »
Effectifs multipliés par trois en dix ans
En dix ans, les dispositifs se sont, eux aussi, incroyablement étoffés. « En 2001, on avait recours à une trentaine d’agents et une dizaine de secouristes pour 8.000 festivaliers, rapporte Mathieu Guerre-Berthelot, co-organisateur du festival de musiques électroniques Astropolis (Guilers et Brest, en juillet). Aujourd’hui, pour un public de 11.000 personnes, ces effectifs sont multipliés par trois ou quatre. » Cette exigence de sécurité et ce niveau d’encadrement seraient directement liés, selon lui, à un drame qui s’était produit à Brest, justement, quelques années plus tôt. Dans la nuit du 7 au 8 février 2002, après une bousculade lors d’une soirée étudiante organisée au Parc des expos de Penfeld, cinq jeunes étaient morts piétinés, et une trentaine d’autres blessés. « Le Finistère a ensuite été pilote pour élaborer des protocoles de sécurité qui servent aujourd’hui dans tous les festivals de France », indique Mathieu Guerre-Berthelot.
Géolocalisation aux Vieilles Charrues
Fini, par exemple, les allers-retours d’ambulances. Chaque festival a désormais ses propres médecins et infirmiers. « Notre souci est d’éviter d’engorger hôpitaux et services de secours. Ne sont évacués que les cas strictement nécessaires, explique Bruno Curunet, bénévole et coordinateur des secours aux Vieilles Charrues. Pour le festivalier, c’est aussi un confort car il n’a pas besoin de quitter le site et ne perd pas de temps à chercher, par exemple, un médecin ou une pharmacie de garde. » En matière de sécurité, les Vieilles Charrues font même mieux. Tout est informatisé. Malaise, agression, vol (…) : grâce à un logiciel, et à la géolocalisation, les secours sont « beaucoup plus réactifs, précis, rapides et adaptés ». « Il n’y a plus l’effet de masse et les problèmes d’alcoolisation qu’on pouvait observer lors des éditions des Terre-Neuvas (jusqu’en 2008). Nous sommes devenus un festival à taille humaine et c’est beaucoup plus simple à gérer ainsi », témoigne Faustine Vasse, présidente de l’association organisatrice du Festival l’Armor à sons (Bobital).
Pas de bouchon sur les bouteilles…
Les moyens déployés hérissent parfois certains festivaliers : « Pourquoi enlever les bouchons des bouteilles d’eau, par exemple ? C’est pour nous forcer à acheter sur place ? » (NDLR, en cas de jet, la bouteille est censée se vider et devient donc moins lourde à l’impact). « Nous ne faisons qu’appliquer les consignes données par l’organisateur, dans le respect de la loi, répond un agent. On peut ainsi interdire l’alcool, les appareils photo, etc. » Un responsable d’une société de sécurité habituée des festivals bretons précise : « Chaque organisateur place le curseur là où il le souhaite. Les Vieilles Charrues ont, par exemple, la réputation d’être l’un des festivals les plus stricts. Même les aérosols et les tubes de crème solaire sont proscrits. » La sécurité à tout prix ?
Mickaël MINGEAU
Professionnel et expert en droit appliqué à la sécurité privée, avec plus de 20 ans d'expérience dans ce secteur. Consultant, Formateur et enseignant. Titulaire d'une licence professionnelle, SSIAP 3.
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